Finement C....

Publié le par Jacquette

Il est cinq heures ( Paris s’éveille) quarante, l’insomnie quasi quotidienne me sort du lit, non que je sois angoissée, pas le moins du monde à vrai dire, plutôt en phase « maniaque », comme ça m’arrive quelques mois par période, entre deux longues phases down de plus en plus pénibles, bref, je vais voir le lever du jour, un autre jour de « confinement », moi qui déjà me trouve confinée trop souvent, par dégoût et lassitude du décor sordide : bagnoles, crottes de chien, déchets divers, laideur de la banlieue, chantiers, gravats, spéculation immobilière, jardinets minables, chaussée défoncée, bruits agressifs, gens mal fagotés, poubelles déchirées, pigeons boiteux et j’en passe, confinement volontaire qui finit par me jeter dehors, marchant sans rien regarder juste pour expulser l’énergie inemployée et inemployable qui me rend dingue au bout de deux ou trois jours…Bref, être enfermée, au propre et au figuré, je connais un peu…

Mais n’oublions pas que nous vivons un moment HISTORIQUE, un événement marquant du vingt et unième siècle, farpaitement monsieur ! Le moment où le capitalisme tremble, où la pollution ralentie dans le monde entier, où des milliers de gens sont contraints de rester ensemble dans leur lieu de vie, sans sortie, sans boulot pour beaucoup, avec les enfants sur le dos tous les jours dans un espace insuffisant, pauvres parisiens qui payent une fortune des appartements exigus, pauvres habitants de cités où l’espace vitale est souvent très en dessous des « normes » acceptables ! Combien de couples vont exploser ? Combien de torgnoles sur la tête des gosses à cran ? Combien de femmes mal traitées qui risquent de se manger une porte ?

Combien de personnes isolées, âgées, handicapées, qui n’auront même plus les cris des enfants dans la cour pour leur donner une sensation de vie ?

Nous allons redécouvrir le silence, le calme des rues, le chant des oiseaux, car même en ville il y a des oiseaux, enfin quelques uns encore , survivants des tonnes de pesticides et C02 que nous déversons continûment..

Un moment historique que nous partageons universellement en quelque sorte…

Ils sont en verve, les oiseaux à six heures vingt, pour eux aussi il doit y avoir quelque chose de changé, l’air moins chargé de particules, plus cette agitation bruyante des voitures, dis donc les rues sont vides croasse un corbeau, une pie jacasse, des merles, ici il y en toujours quelques uns qui font des concours de je te chasse moi je chante plus haut non mais qu’est ce que tu crois, c’est le printemps oh pas sur...Ah ça se calme, le corbeau a-t- il fait fuir les plus petits…

Les gros oiseaux ont supplanté les moineaux , vous avez remarqué ? Prédateurs...En voici deux qui passent à quelques mètres des maisons encore éteintes, déployant leurs grandes ailes noirs en croassant sinistrement...Pas étonnant que les autres se planquent. Je sais que les pies attaquent les plus petits, mais les corbeaux…

Des croissants au four, jour de luxe, je finis par craquer vers huit heures, un petit dodo, encore un luxe...Une douche, des étirements et grands pliés, un échange WhatsApp avec notre titoune de deux ans qui a bien la patate, puis une réunion en vidéo à plusieurs avec ma petite famille de neveux et petits neveux, je mets un moment à piger comment marche l’appli, mais j’y arrive finalement, non mais !

 

Le soleil émerge péniblement, je sors marcher un peu, avec mon papelard mais pas un flic à l'horizon,on est dans le 93 aussi, quartier pavillonnaire quand même: pas de voiture ou presque, le chantier du métro à l’arrêt, comme toutes les constructions en cours, et il y en a un paquet dans mon coin…

Les ânes, les poneys, les chèvres broutent tranquilles près du fort, arbres en fleurs blanches, magnolias roses en pleine explosion, des draps sèchent dehors, l’un nettoie sa cour, l’autre sa voiture, on promène le chien ou le gosse,j’ai dû croiser moins de dix personnes en quarante minutes de balade, retour par la rue bien raide, des carottes et des clémentines chez Lall’shop, les employés portent des gants, pour le reste...Passionnant hein ?

 

J’ai fini « L’exposition » de Nathalie Léger, une réflexion sur la photo, les traces, ce qu’on expose ou pas , ce qu’on voit ou donne à voir, sur le mythe de la beauté, à travers la figure de la comtesse de Castiglione, qui se fit tirer le portrait au moins cinq cent fois (plus que Cindy Sherman?), célébrée pour sa beauté parfaite selon la bonne société de l’époque ( Napoléon III, dont elle fut la maîtresse semble-t-il), j’achève un recueil de nouvelles de Marcus Malte, dont j’avais passionnément aimé « le garçon »...Il faut lire autre chose que les infos, arriver à se concentrer sur d’autres mondes, d’autres langues, d’autres centres d’intérêt que notre société confinée et obsédée…

 

Quand à un journal de confinement, je crois que c’est déjà bien répandu ces temps ci…Donc je vous épargnerai mon quotidien...

Peut être un peu de poésie, pas la mienne, mais celle qui me fait vibrer, on pourrait essayer ça…. J’ai de bonnes réserves à partager !

"Jouvert" au carnaval de Trinidad, la nuit on sort danser et défiler dans la rue, musique à fond, on s'asperge de couleurs, ça dure jusqu'au matin, du temps oû on pouvait danser collé/serré, il y a ...3 semaines à peine!

"Jouvert" au carnaval de Trinidad, la nuit on sort danser et défiler dans la rue, musique à fond, on s'asperge de couleurs, ça dure jusqu'au matin, du temps oû on pouvait danser collé/serré, il y a ...3 semaines à peine!

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