Virage viral
Ça y est, « c’est mort » comme disent les ados. Râpé, foutu, naze .
Tous à la maison et ronpatapon. La cure de désintoxication ordinateur et portable remise à plus tard, adieu cinoche, expos, concerts et le petit blanc au café, même la bamboche entre copains tourne court. A peine dix jours après notre retour des îles, il reste la rêverie et les photos, un peu de bronzage… J’ai eu le temps d’emmagasiner un peu de beauté et de poésie en plus, avec un spectacle performance plein de mélancolie et de drôlerie à la fois, au titre prémonitoire s’il en fût, « La fin des jours, le jour de toute fin », expression empruntée au poète Paul Celan, un solo écrit et interprétée par Catherine Froment. A voir, quand vous pourrez...
J’ai eu la chance de contempler les magnifiques photos de Claudia Anjuar sur la lutte Yanomami, un peuple autochtone en voie de disparition à cause de la spéculation sur la forêt amazonienne et du mépris des sociétés capitalistes pour les cultures indigènes. L’exposition a fermé une poignée de jours plus tard…
Un dernier film dans mon cinéma de quartier, avec cet acteur que j’adore, Sami Bouajila, toujours si juste dans son jeu, et puis il est beau en plus !
Depuis notre retour de voyage, Trinidad est aussi entrée dans la spirale de la peur, après les premiers cas de contamination déclarés officiellement.
Rester chez soi, d’accord, mais et les nombreux sans logement de nos grandes villes ? Les migrants, les réfugiés, qui vivent sous des tentes et n’ont même pas accès à l’eau courante ? Et quid des gens qui essaient de franchir les frontières de l’Europe, espérant commencer une nouvelle vie après des années de guerre, des mois d’errance ?
Pendant ce temps là certains dévalisent les rayons des supermarchés, pris de panique à l'idée de "manquer", faut dire qu'avec deux ou trois mômes confinés à la maison, il faut prévoir large...
Quel monde effrayant avons nous créé ?!
On se sent en pleine science fiction, pourtant c’est bien la réalité qui nous tombe dessus. Le printemps se prépare , dans une douceur étonnante pour le mois de mars, Mars le dieu de la guerre tiens, comme ça se trouve…
Assez claustrophobe pour ma part, j’ai du mal à me projeter pour un mois de confinement, trop tard et imprudent de filer vers le sud, les clémentines et le jardin en folie de mon petit coin des Pyrénées . Les oiseaux vont s’éclater, ainsi que la pariétaire et les orties, camélias et magnolias fleurissent, les violettes doivent parfumer l’air, et enfin moins de circulation dans la rue….
Bah, beaucoup moins de pollution dans l’air, voilà un aspect positif ….
Si ce monde et nos esprits formatés par la consommation et le confort, le culte de la réussite à tout prix, oui si tout ce capitalisme pouvait enfin muer en société sobre, respectueuse et plus solidaire, on peut toujours rêver un peu, il y aura du temps à profusion pour réfléchir ces prochaines semaines….
Encore un peu de "carte postale" avant d'oublier....Buccoo bay , Tobago