Futile ou pas

Publié le par Jacquette

A quoi ça sert de s’esbigner ainsi, me dis je.

L’épuisement est un but en soi, rage et énergie inemployées servent de moteur, arrache, tire, coupe, taille, creuse, j’en bave dans les effluves d’orties, de bourgeons, de pollen, de poussière et de sciure, le pif en fusion à force de me moucher( suis allergique aux pollens ). Ah ! Dompter la nature, maîtriser le sauvage, apporter la civilisation...Je plaisante là, mais détruire ronces et pariétaires, arracher le lierre qui étouffe les arbres et envahit tranquillement tous les coins, c’est le minimum si on veut laisser vivre fleurs, plantes aromatiques, buissons de sauge et de vitex. Courbée en deux telle une paysanne du dix neuvième siècle, tout à la main les gars, après le passage « massacre à la débroussailleuse », mottes d’herbes déchiquetées et oseilles sauvages déchirées donnent un spectacle navrant, mais le coin pâquerettes et violettes reste intouché heureusement. Je découvre trois iris violet sur le point de s’ouvrir, des pivoines roses déploient leur jupes de pétales serrés, pour la première fois je vois les ponpons jaunes, les petites fleurs violettes de la rougia, et la splendeur tranquille du magnolia rose au pied de la terrasse…

 

Le jardinage me paraît aussi futile et épuisant que la danse, parce qu’il faut recommencer encore et encore les mêmes gestes, pour un résultat si éphémère…Brefs instants de beauté, de plaisirs, quelques heures sur scène, soirées d’excitation et de rencontres passionnantes, floraisons éblouissantes, fruits délicieux, odeurs, couleurs inouïes, et puis...Orties et feuilles mortes, lierre envahissant , herbes trop hautes, ronces à nouveau….

Épuisement, compte en banque en deuil, contrats minables, promesses déçues, dossiers laborieux pour obtenir des miettes, déception de n’être ni compris ni soutenu, mal au corps récurrent…

 

Le vent chavire la tête, boucan des feuillages secoués, le filao ploie avec dignité, tramontane ou mistral, on est saoulé par les bourrasques, mais le bleu, le bleu du ciel est immuable, la lumière irradie.

 

Ne plus jamais penser au passé m’est chose impossible, mais ça a du bon quand même, ne pas se retourner…..Vivre au jour le jour, c’est bien ce qu’on est en train d’expérimenter. Difficile lorsqu’on vous l’impose, mais c’est un exercice de nature quasi-philosophique, il me semble.

 

un coin du jardin, céanite et ponpons jaunes ...

un coin du jardin, céanite et ponpons jaunes ...

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