Trouver refuge

Publié le par Jacquette

Le ciel nous tombe sur la tête, il fait noir en plein jour, la tempête nous bouscule, on se sent prêt à émigrer pour raisons climatiques (oui mais où?).

En plus tous les médias ne parlent que d’un seul type qui est mort, alors que tant de survivants (traverser la méditerranée n’est pas forcément une croisière en yacht privé) dorment dehors dans notre beau Paris, même que la police détruit ou arrose leurs affaires en guise d’encouragement, le froid et la pluie n’étant pas suffisants sans doute...Quelque chose cloche, décidément dans la république.

Heureusement il y a Thomas Bernhard pour vilipender la bêtise générale, et particulière aussi, pour nous faire rire de notre besoin obsessionnel de détestation et d’admiration, pour nous réconcilier avec le besoin de partage , ce qu’on ressent assis ensemble et côte à côte dans un théâtre par exemple. L’énergie du comédien nous tient en haleine, (Nicolas Bouchaud, génial !), nous partageons rires, stupéfaction, émotion, en écoutant la parole véhémente de Bernhard, tout comme nous nous tenions captifs dans l’enchantement, le suspens, le rire (oui, on peut rire au théâtre ), mais aussi l’accablement devant les mensonges mortifères des origines et des identités, tel que Wajdi Mouawad a su si bien les mettre en scène avec une grande fluidité pour sa dernière création, entre tragédie et leçon d’absurdité.

« Tous des oiseaux », nous dit il, pris dans les courants de l’histoire et du hasard, qui voudraient nous figer dans un destin que nous n’avons pas choisi .

Comme d’autres n’ont pas choisi de risquer leur vie, pour venir se faire rejeter et maltraiter dans un pays de cocagne.

On peut donc vivre des moments réjouissants d’intelligence, malgré la disparition de J.H., en fermant radio, télé et ordinateur bien sur , et en bravant l’hiver dégueulasse pour rejoindre notre espèce (l’humanité, on s’en souvient) dans un lieu de partage, théâtre, salle de concert, café pourquoi pas. Plaisir de passer devant le bataclan où des jeunes filles attendent je ne sais quel espoir de rentrer dans la salle, plaisir de voir des terrasses de bar où on boit et on fume, deux ans après le carnage qui a traumatisé le quartier.

Pas de renoncement, donc… .Il y a encore des refuges pour la pensée, si ce n'est pour vivre ensemble en bonne intelligence et en respectant les différences.....

 

"Maîtres anciens" au théâtre de la Bastille-

"Tous des oiseaux" au théâtre de la Colline-

Traverser la méditerranée pour vivre mieux....?

Traverser la méditerranée pour vivre mieux....?

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