Un voyant en enfer

Publié le par Jacquette

L’homme ne cesse d’aller et venir, il lui faut agir, c’est impérieux, pas d’autre choix, tourner en rond n’est pas son genre, mais là, montant, descendant, cherchant , où sont ces p… de fusils, mes caisses sont arrivées, et le consul, le consul fait attendre, tous les jours attendre ce maudit papier. Un vieux cheval maigre et blanc, ces rues aux couleurs délavées, vides, il erre dans ce labyrinthe, la beauté lépreuse des murs, reflet de son âme, beauté et déchéance, qu’importe qu’il fut le plus précoce et le plus brillant poète de sa génération, parti à l’aventure au-delà des mots, le voilà pressé de s’échapper encore, fuite en avant, une fièvre, une hantise s’empare de cette carcasse épuisée, traînant la patte, s’occupant à négocier, à réclamer, à râler, puis s’ouvrant petit à petit aux autres, échanges et conseils avec un adolescent qui rêve, lui aussi de s’échapper de la pauvreté et des ordures. Écrire des lettres à sa sœur, sa mère, dire le mal qui le ronge, la fatigue, la nostalgie, le dégoût, ce besoin de se reposer, se poser quelque part. Mais son errance continue, jusqu’au vertige, jusqu’à l’absurde, visions hallucinations obsession paranoïa, on étouffe on fatigue on s’enivre et on danse tout à la fois, une beauté qu’il séduit, une fête autour d’un feu avec les enfants des rues, et ce petit homme qui apparaît comme une énigme de plus...Éventrer un poisson, se laver, faire l’amour, boire encore, les rues se peuplent, la vie est là tout autour, on rentre dans la foule, on plaisante avec l’adolescent, on achète une gandoura pour mieux disparaître. La mer est rouge, la forêt , l’épave d’une barque dans la quelle endormir sa fatigue, bercer ses rêves, mais lui Arthur Rimbaud, il va au-delà de ses fantasmes de fortune, il veut la liberté, la mort fait partie du risque, ne jamais rester assis à s’engraisser, non, l’errance fait partie du voyage, la dérive est belle comme un poème ou une femme, qui jamais ne s’arrête, c’est le mouvement qui le sauvera toujours, jusqu’à la fin, jusqu’à ce que le corps soit détruit….

 

"Splendid hotel" un film de Pedro Aguilera

Festival Artekino sur Arte.tv

Aller, venir, sans cesse....
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