Vie sous la neige
Une vie s’achève, une autre apparaît, d’un adieu dans un
soudain soleil près de l’océan, nous passons à la joie
d’une petite fille qui arrive au milieu de la tempête de
neige…
La roue de la vie tourne, tourne, et la nature fait son
boulot, pluies diluviennes qui ont transformées notre
paisible seine en monstre grondant, envahissant berges et
jardins, transformant la ville lumière en océan à grande
marée, et puis pas le temps de lanterner, voilà la neige
qui tombe en abondance, panique à bord ! Un peu
d’exceptionnel ne peut pas faire de mal, sauf pour ceux qui
sont à la rue hélas, c’est exceptionnellement dur et mortel
parfois...
Errance en voiture près du bois de Vincennes après un
concert de jazz, les rues cotonneuses et fantomatiques ,
désertes, silencieuses, transforment l’équipée hivernale en
lent cauchemar...
Les tulipes aux feuilles vaillantes, les crocus en fleurs,
et les jacinthes sont ensevelis sous 20 cm de neige, le fil
du linge ressemble à un boa de coton, il faut secouer les
bambous japonais tout ployés, épousseter l’olivier,
remettre des graines pour les oiseaux, le rouge-gorge vient
se percher, lui qui vient becqueter au sol d’habitude…
Faudrait passer à autre chose, parce que se déplacer est
quand même important, hein…Les statues des tuileries
étaient bien désolées sous la première neige, dieux à demi
nus et princesses au drapé savant semblaient vouloir
s’enfuir sous des cieux meilleurs. La nuit devient
lumineuse avec cette neige épaisse, un petit côté
surréaliste s’installe brièvement.
Et puis la poésie de ces flocons commence déjà à nous
lasser, patauger ou glisser n’est plus tellement drôle, le
froid fatigue et le gris persiste, cette poche de silence
et d’isolement devient lourde à subir…Pendant qu’on parle
météo, on évite les vrais sujets, c’est bien connu…
Des vies s’achèvent, d’autres apparaissent, la terre tourne
qu’il neige, vente, pleuve, sous le soleil" exactement "...