Aller venir

Aller venir, partir arriver, faire défaire un sac, changer de sandales, de slip, de pyjama, brosse à dents médicaments crème hydratante shampoing, laver, plier, une série incessante de changement, un carnet deux livres des lunettes, ne pas stagner, franchir les distances, les clefs d’ici ou de là bas, ne pas penser trop, l’illusion d’être en mouvement, pour ne pas se calcifier, le meilleur moyen de ne rien accomplir vraiment…

La tête me tourne à force de « déplacement », non ce n’est pas le vertige des tournées de spectacles, entre hôtel, train, resto après la représentation, coulisses poussiéreuses , attente sur le plateau pour les réglages, puis filage lumière, non, tout ça est loin, et n’a jamais été mon rythme le plus habituel, pas de longues tournées pour une artiste marginale, ça reste à Paris à la recette, une petite fête à la maison pour la première, une bouffe pour la dernière au chinois du coin, des copains dans la salle et parfois un vague programmateur qui ne te rappelle jamais…

J’aime bien le voyage, quitter, revenir, rêver de là bas ici, changer de maison, d’environnement, l’océan, les arbres, le vent, la cascade, le jardin sauvage, la maison immense où j’ai passé mon enfance, la vue extraordinaire du village de ma mère, la longère bretonne dans le hameau avec notre délicieuse voisine…

ça va ça vient, un peu difficile de se concentrer sur les mots et la langue, mais il faut nourrir le logos avec de la vie, en attendant l’hiver peu remuant, moment idéal pour rêvasser et écrire enfin, devant la fenêtre, tandis que les mésanges viennent se nourrir sur le rosier décharné….

Alors il faudra rassembler textes et délires insomniaques, poèmes contemplatifs et aphorismes désenchantés, afin de concocter quelque chose de lisible...ou non.

Départ arrivée, qu'importe, voyage immobile c'est bien aussi...