Forêt, chante!

Publié le par Jacquette

La forêt chante, bruisse, frissonne de présences mystérieuses. Au pied de la cascade, un jeune homme parle avec le fantôme de son père. Il faut achever le deuil, pour que le père puisse rejoindre le village des morts en paix.

Le jeune homme a peur de devenir chaman, ce n’est pas son choix, il ne se sent pas prêt. La vie s’écoule entre baignade, défrichage, chasse, chants à la veillée, conversations alanguies dans la fin du jour bourdonnant de chaleur. La peur le tient, il veut fuir loin de la forêt et de ses esprits, mais ne trouve que l’ennui et la solitude dans la ville . Il reviendra parmi les siens, honorer la mémoire de son père lors d’une fête remplie de jeux, de courses et de chants.

Il retournera à la chute d’eau, prêt à accomplir son destin, celui du chaman qui voit les esprits et communique avec eux.

Le temps n’est plus le même, l’écoulement du temps tel que nous l’éprouvons dans la société contemporaine occidentale. Dans la nature prodigieuse de la forêt amazonienne, l’homme n’est qu’un de ses humbles habitants parmi d’autres espèces.

Immergés plusieurs mois dans la vie de ce village, les cinéastes se sont laissés porter par cette harmonie contemplative, où toutes les générations vivent ensemble, dans une parfaite symbiose, où chaque jour est le premier dans un écoulement tranquille, entre activités de nécessité, jeux, palabres et sieste dans la chaleur. Un rituel continu où se célèbre l’instant tout autant que hier et demain, la vie comme la mort, l’enfance comme la vieillesse, où travail et jeu sont équivalents en valeur et nécessité.

Nous savons que les peuples indigènes sont menacés par la société de consommation, l’agriculture intensive et la déforestation spéculative, cela ne date pas du nouveau président brésilien, mais la vie et la reconnaissance des droits des peuples autochtones de la forêt Amazonienne sont encore plus en danger désormais…

Ils sont pourtant les gardiens les plus respectueux et efficaces de la biodiversité par leur mode de vie et leurs connaissances de l’environnement où ils vivent.

 

Je recommande aussi la lecture d’un très beau livre, « Enfance d’un chaman », de Anne Sibran. L’autrice vit une partie du temps en Equateur, son écriture est splendide, aucune mystique de pacotille ou naïveté d’occidentale dans ce récit ou roman, mais une expérience magique et violente aussi.

Je le garde sous le coude pour le relire bientôt, entre deux contemplations de mon coin de verdure rempli d’oiseaux et de vent dans les arbres….

 

Le chant de la forêt – réalisé par Joâo Salaviza et Renée Nader Messora-

 

Enfance d’un chaman – par Anne Sibran –

Gallimard, collection « haute enfance »

Dans la forêt magique-Ouidha, Bénin

Dans la forêt magique-Ouidha, Bénin

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