Ne pas

Publié le par Jacquette

Je préfère ne pas, c'est une expression qui me convient assez. Ne pas participer à ce monde délétère, ne pas céder, ne pas faire de concessions, ne pas....

Je crois que tu l'aurai apprécié, ce petit livre plein de "ne pas" et de mauvais esprit, une ode au culte de " l'evitisme" assez réjouissant. Assez anti rézos zozos ce monsieur Schifres, auteur dudit bouquin, , ce qui se comprend, mais pourtant c'était notre petit fil de contact,ce foutu fessedebouc. Je lisais tes beaux textes poétiques avec une certaine admiration, tu m'encourageais pour mon blog, tes photos nous emmenaient dans la rivière, les souvenirs, les petits coins d'un square ou les bords d'un lac mélancolique.... Un lien se maintenait, et voilà que j'apprends, au détour d'un message, que tu t'es évadé....Encore un petit bout de ce temps partagé, fait de discussions, de rires, d'explorations improvisées, d'échanges fiévreux, encore un petit bout de vie qui s'arrache, encore un fleuve de souvenirs qui me tombe dessus, on ne sait plus si on pleure  un être aimé et précieux, ou si on pleure surtout la jeunesse partagée....

Devant l'océan déchaîné, fouetté par le vent , puisque je me trouve au bord de l'atlantique cette semaine, je pense à toi intensément, convoque tous les fantômes de mes vingt ans. L'atelier 102 où nous improvisions durant des heures, le minuscule restaurant africain où nous passâmes tant de soirées à rebâtir l'art et le monde, quelques nuits de performances au fin fond d'un cinéma abandonné à La Courneuve, ta longue silhouette penché sur la flûte traversière,le saxo soprano ou le shakuhachi(flûte japonaise en bambou), l'intensité et la douceur de ton regard, un regard curieux , avide de rencontres, d'échanges...Parfois on ne s'est plus vu pendant dix ou quinze ans, mais tu restais inchangé, disponible, bavard comme toujours, et pourtant assez secret...Tu m'as fait découvrir tant de choses musicalement, en littérature également, je t'ai emmené probablement à des spectacles de danse, tu aimais bien les danseuses  et leur folie, cet acharnement obsessionnel du mouvement te faisait sourire, une pierre dans mon jardin!

Je préfère ne pas transformer ce petit billet en éloge redondant, ça n'était pas ton style.

Je suis  triste , ton ironie tendre va me manquer. Ciao mon vieil ami!

 

-Je préfère ne pas- Alain Schifres- Le dilettante

Ne pas
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A
Un très beau texte d'amitié partagée de longue date. Et qui donne tellement envie de le rencontrer (dans l'invisible peut être) plutôt faire se rencontrer ceux qui nous sont chers de leur vivant, honneur à l'amitié.
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