Sentinelle

Publié le par Jacquette

Sentinelle

 

Dans un coin lointain de la planète, de notre point de vue occidental, se trouve une petite île peuplée d’irréductibles, qui ne veulent aucun occidental ou personne dite « civilisée » sur leur terre, car ils savent que cette présence signerait leur arrêt de mort. North sentinel, au sud de la Birmanie, dans l’archipel d’Andaman, est une petite île dont on ignore presque tout, sauf qu’elle a repoussé la colonisation de l’empire britannique au dix neuvième siècle, et ses habitants représentent la dernière tribu épargnée par l’enfer de l’exploitation et de la destruction coloniale. Maintenant sous gouvernance de l’état indien, après plusieurs disparitions de pêcheurs ou de touristes imprudents, le périmètre de l’île est interdit à tout étranger, même les hélicoptères reçoivent une pluie de sagaies vengeresses. Un impétueux missionnaire, membre zélé d’une congrégation évangéliste américaine, vous savez ces illuminés créationnistes qui prêchent la peur de Satan et ont déjà fait de sérieux dégâts en Afrique, ce type donc a été assassiné par la fière tribu, du moins a disparu après avoir rejoint l’île de nuit pour éviter les gardes côte, persuadé qu’il allait évangéliser à lui tout seul la dernière tribu vivant hors de la civilisation. Aussi primitifs qu’ils soient, ces gens ont bien compris que l’homme « blanc » amène maladies, misère, exploitation des êtres humains et des ressources naturelles, destruction de leur mode de vie ancestrale et de leurs traditions . Les autres îles de l’archipel sont de tristes exemples des ravages d’une colonisation brutale et d’une modernité tournée vers le profit du plus fort. Ces autochtones, qui n’avaient jamais eu de contact avec les occidentaux jusqu’à la fin du du dix neuvième, même si certains ont subis des razzias de leurs voisins malais ou chinois, sont maintenant décimés par les maladies, vivent dans la misère et l’humiliation, coupés de leur tradition et de leur croyance, réduit à la mendicité et traités comme des animaux par les touristes, ceci en quelques dizaines d’années...Un article à lire sur le Monde Afrique, assez édifiant.

J’espère que nous allons réussir à préserver la beauté qui reste encore vivante sur cette planète, ce que nous n’avons pas encore détruit par nos modes de vie « moderne », les forêts primitives, les récifs coralliens, la banquise et ses ours blancs, que nos descendants auront encore de l’eau, de l’air respirable, des couchers de soleil sur les montagnes enneigées, des printemps plein de papillons et de fleurs sauvages, d’abeilles et de vers de terre et d’araignées, mais pour le moment je suis assez d’avis qu’on foute la paix aux derniers irréductibles, dans les îles ou en Corrèze (je dis ça au hasard, la Corrèze, Tarnac, ou Notre Dame des Landes tiens…) on a le droit de ne pas vouloir d’autoroute, de compteur linky, de centrale nucléaire, d’internet, de lignes hautes tensions etc.

Par contre des services publics, des petites lignes de train, des postes, des épiceries de village, des jardins partagés, des bus gratuits, ça serait pas la lune quand même...

Qu’on arrête de pomper les richesses des sous sols de pays que l’on ravage écologiquement et économiquement, tout ça pour rouler avec nos belles tutures (au diesel?) et enrichir des Carlos Gohn, chauffer nos belles maisons à crédit, et laisser crever les gens qui ont fui la misère de ces pays dont justement nous exploitons les ressources. Tout se tient hélas, et ce n’est pas avec des types comme Trump, Poutine ou Bolsonaro que ça va évoluer. Quand à la cop 25 en Pologne, qui imagine encore que ça va changer la donne….

 

 

 

« ….

Nos chemins se séparent.

 

Tu t’éloigneras avec les nuages,

Tu sombreras dans la forêt épaisse,

Dans les sables brûlants.

Tu épuiseras ton âme

Et de tes yeux-les larmes .

 

Mais au dessus de moi-la chouette criera

Mais au dessus de moi-l’herbe bruissera... »

 

Marina Tsvetaïéva -Le ciel brûle-

 

 

 

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